Le camp de marche de la légion romaine

Par • Publié dans : Armée romaine

Lorsqu’elle se déplace, une légion construit chaque soir un camp de marche qu’elle détruit dès le lendemain matin… un travail de Romain !

Une petite unité, commandée par un tribun, part choisir l’emplacement du camp, de préférence à proximité d’un point d’eau et de prairies pour le fourrage des chevaux, des bœufs et de plus de 1500 mules !

Le tribun dirige, avec un très grand soin, le travail des arpenteurs. La groma, constituée par quatre fils à plomb, leur permet de faire des jalonnements à 90° :

  • Ils désignent en premier, par un drapeau blanc, l’emplacement de la tente du légat, le prétoire (praetorium) autour duquel s’organise le centre administratif et religieux du bivouac.
  • Ils tracent les deux grands axes perpendiculaires qui en partent et traversent tout le camp. Toutes les autres rues les recoupent à angle droit. Elles démarquent des espaces rectangulaires dans lesquels seront installées les tentes.
  • Ils fixent enfin le contour du camp, un vaste rectangle de 580m sur 290m, et l’emplacement des quatre portes.

Lorsque la légion arrive, elle trouve son camp bien dessiné, les répartitions faites et signalées par des fanions de couleurs différentes.

La moitié de l’infanterie et toute la cavalerie restent en armes, entre un éventuel ennemi et ceux qui se transforment en taupes, après 20 à 25 km de marche.

Le soir approche, les légionnaires travaillent avec leur cuirasse ou leur cotte de mailles :

  • Après avoir découpé les mottes de gazon, les uns creusent un fossé (fossa) en forme de V de 1,50m de largeur, 1 m de profondeur et 1740 m de long, le périmètre du camp !
  • D’autres chargent la terre dans des paniers d‘osier puis la rejettent juste en arrière pour dresser un rempart (agger). Ils aplaniront son sommet de façon à y ménager un chemin de ronde. Ils le protègeront par une palissade (vallum) de plus de 10 000 pieux, bien appointés, de 1,50 m de haut.
  • Le centurion, avec sa règle de dix pieds, vérifie la hauteur et l’inclinaison de la levée de terre. Le reconnaissez-vous ? C’est le barbu revêtu d’une armure à écailles (lorica squamata), celui qui encourageait ses hommes, à coup de bâton, pendant la marche.
  • Enfin, les soldats disposeront les mottes de gazon sur l’extérieur du talus.

La légion est maintenant à l’abri. Ces défenses peuvent vous sembler fragiles mais elles suffisent largement à briser l’élan d’un adversaire. Entre le fossé, le rempart et la palissade celui-ci doit franchir un dénivelé total de plus de 3m. Les mottes de gazon, juste posées sur le talus ne demandent qu’a glisser sous les pieds de ceux qui franchiraient le fossé d’un bond pour escalader le rempart.

Maintenant, il faut monter et aligner plus de 800 tentes. Un espace (intervallum) sépare les premières des fortifications. Ce dégagement les place, en cas d’attaque, hors de portée des traits de l‘ennemi et permet toutes les manœuvres.

Des essais, effectués en Grande-Bretagne, montrent que :

  • Un homme peut défricher 33m2 de terrain en 1 heure.
  • Creuser et remuer 0,4 à 0,7 m3 de terre en 1 heure.

Le camp serait ainsi achevé en moins de trois heures ! Sacré tour de force ! Un tel exploit, renouvelé chaque soir, implique un recrutement de qualité, un entraînement poussé à l’extrême : chaque homme, chaque officier sait parfaitement ce qu’il doit faire et ce que sa légion attend de lui.

illustration de Peter Connolly, reproduction avec son aimable autorisation.

Auteur : Legion VIII Augusta

Histoire vivante et reconstitution historique du Ier siècle après J.C.

A voir aussi